Expertise sur le DAS : l’ANFR fait l’acquisition d’un banc de test
L’ANFR a retenu, dans le cadre d’un appel d’offres lancé en juillet dernier, la société française ART-FI pour l’acquisition d’un nouveau banc de test de mesures du DAS des téléphones portables. Avec cet appareil innovant, l’Agence se dote d’un véritable laboratoire pour expertiser les évolutions matérielles et logicielles des téléphones, notamment dans le contexte de l’arrivée de la 5G. L’ANFR conforte ainsi son rôle d’acteur de référence dans le domaine.
Dans le cadre de sa mission de contrôle de l’exposition du public aux ondes électromagnétiques, l’ANFR réalise des vérifications sur les téléphones portables et les équipements radioélectriques émettant plus de 20 mW et ayant vocation à être utilisés à proximité du corps. L’ANFR s’assure en particulier de la conformité du DAS de ces appareils à la réglementation. Elle procède à des prélèvements inopinés d’appareils sur les lieux de vente.
Des contrôles de plus en plus exigeants
Actuellement, les contrôles de DAS réalisés par l’ANFR dans le cadre de la surveillance du marché sont externalisés. Cette externalisation, indispensable compte tenu du volume de mesures réalisées, doit néanmoins s’accompagner d’expérimentations pour affiner les protocoles de test et contribuer ainsi aux nombreuses évolutions de ce domaine.
Les évolutions possibles du téléphone ayant une incidence sur l’exposition sont d’une part matérielles, avec des téléphones dont les composants peuvent varier au cours de leur fabrication, et d’autre part logicielles, le téléphone étant doté de plus en plus d’outils pour gérer en temps réel la puissance transmise de façon à respecter la réglementation. De plus, la nouvelle technologie 5G a fait évoluer les téléphones avec l’intégration de plusieurs antennes dans le terminal, ce qui nécessite d’ajuster le protocole de mesure en conséquence. La nouvelle bande de fréquence 26 GHz, quant à elle, va également apporter des questions nouvelles : l’exposition ne sera plus mesurée avec le DAS (Watt par kilo) mais avec la densité de puissance (Watt par m²) puisque l’énergie dissipée dans les tissus reste localisée à la surface de la peau lorsqu’on monte en fréquence.
Enfin, dans le contexte des évolutions des normes envisagées à la suite du dernier avis de l’Anses sur le sujet, le DAS tronc, aujourd’hui évalué à 5 mm, pourrait être évalué à des distances moindres, notamment au contact.
Pour répondre à ces nouveaux défis, l’ANFR s’est dotée d’un nouveau banc de mesures du DAS qui lui permettra d’approfondir son expertise dans le domaine et de mieux appréhender la manière dont les nouveaux téléphones portables gèrent leur puissance tandis qu’il interagissent avec les réseaux mobiles. Cette connaissance apparaît indispensable pour s’assurer que les contrôles réalisés couvrent bien les caractéristiques des nouveaux terminaux mis sur le marché ainsi que ces « usages raisonnablement prévisibles » que prévoit la norme. Elle permettra également, le cas échéant, de proposer des évolutions du protocole de mesure pour qu’il réponde au mieux aux nouvelles technologies déployées au sein des téléphones.
Un partenariat avec la start-up française ART-FI
L’acquisition du nouveau banc de test de mesure du DAS fait l’objet d’un partenariat avec la start-up ART-FI, labellisée French Tech, qui a développé et breveté le système de mesure ART-MAN.
Ce banc est constitué d’une partie appelée fantôme qui simule la tête ou le corps. Il s’y trouve une grille rectangulaire de capteurs conçue pour mesurer sur cette surface les deux composantes de champ électrique tangentielles orthogonales. La mesure vectorielle des champs en amplitude et en phase sur une seule surface suffit pour récupérer instantanément la distribution volumique du champ électrique. Elle peut alors déterminer le niveau de DAS maximal dans une configuration donnée, sans avoir besoin d’approcher les lois physiques de la propagation du champ électromagnétique.
Ce système de capteurs fixe permet de faire des mesures rapides sans avoir à déplacer les sondes dans tout le volume du fantôme. Cela entraine un gain de temps par rapport aux mesures traditionnelles, mais aussi la possibilité de visualiser en temps réel la variation du DAS au cours du temps.